Fake news : L’Iliade = toute la Guerre de Troie ?

Alors que les premières critiques de la nouvelle série tirée de la guerre de Troie, Troy : Fall of a City, produite par la BBC et Netflix, arrivent sur la toile, petit recadrement sur une sempiternel idée reçue que l’on retrouve partout. Toute cette fameuse histoire serait une adaptation de l’Iliade d’Homère !

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On peut toujours remonter à plus loin pour expliquer le début de la guerre de Troie et ses origines : les Argonautes et la première expédition d’Héraclès, l’amour contrariée de Zeus et Poséidon pour  Thétis (future mère d’Achille) ou la naissance du prince Pâris. De la même manière, quand finit cette guerre et ses conséquences ? Avec l’épisode du cheval de bois creux ? Le retour d’Ulysse chez lui ? La fondation de Rome par les descendants du dernier des Troyens, Énée ?

Or soyons claire, le récit d’Homère ne parle lui que de seulement quelques jours de la 9eme année de la guerre, où pour simplifier :

  • le héros Achille boude car son roi lui a pris son esclave sexuelle.
  • le chef troyen Hector en profite pour percer les défenses grecques et tue Patrocle le cousin-amant d’Achille qui s’était fait passer pour lui.
  • Achille n’est pas content, redonne l’avantage au Grecs et tue Hector.
  • Le roi troyen Priam récupère le corps de son fils en s’humiliant, les Troyens enterre enfin Hector.

Le tout émaillé de quelques ruses d’Ulysse, de beaucoup (beaucoup, beaucoup, beaucoup…) de scènes gores et violentes de batailles, de dieux qui se jettent des pierres et se plaignent à Zeus.

Ainsi dans Homère, pas de beaux récits de l’enlèvement d’Hélène, des premiers temps de la guerre ou de la ruse du cheval. Justes quelques allusions à ces éléments dans l’Iliade et l’Odyssée mais rien de plus. On sait tout cela grâce à d’autres auteurs, postérieurs. Alors les journalistes, chroniqueurs, blogueurs, si vous voulez citer, enfin, de bonne sources, allez voir surtout du côté de :

  • La Bibliothèque de Pseudo-Apollodore ou celle de Diodore de Sicile pour ce qui concerne l’ensemble du conflit. Auteurs assez tristement méconnus alors que leurs ouvrages sont de vraies encyclopédies sur les mythes.
  •  Les Troyennes d’Euripide et l’Enéide de Virgile pour la fin de la guerre et l’épisode du cheval. Un tragédien grec et un poète latin : que du bon.
  • Mes préférés : « Lettre de Paris à Hélène » et « Lettre de Hélène à Paris », tirées des Héroïdes d’Ovide. Connu pour ses Métamorphoses, cet auteur s’est aussi amusé en imaginant des relations épistolaires entre héros de l’Antiquité, c’est vraiment génial.

Bref, maintenant, vous ne confondrez plus une partie avec son tout (c’est pas une figure de style ça : synecdoque ou métonymie ?)