Les sirènes, Léon Belly
France, 1867, huile sur toile, inv. 0142 CM, Saint-Omer, Musée de l’hôtel Sandelin
© B. Jagerschmidt, Musées de Saint-Omer
Ce tableau d’un peintre né à Saint-Omer orne magnifiquement l’escalier d’honneur du Musée.
Léon Belly est plutôt considéré comme un peintre paysagiste influencé par l’école de Barbizon, mais aussi orientaliste après des séjours de 1855 à 1858 en Égypte et sa rencontre avec d’autres peintres de cette mouvance. Il obtient en 1861 une médaille de première classe au Salon avec La caravane de pèlerins allant à la Mecque. Puis en 1867, il présente le tableau Les sirènes. Il s’inspire du peintre flamand Rubens pour la position des sirènes et cherche à célébrer la culture antique. En effet, il s’agit d’une des rares tentatives du peintre de s’essayer au grand genre qu’est la peinture d’histoire. Cette peinture est donc autant une œuvre illustrant un épisode de l’Odyssée d’Homère, qu’une étude du nu. Malgré une faiblesse évidente dans l’exécution, elle est achetée par Napoléon III qui l’offre à la ville de Saint-Omer. Le musée conserve de nombreux dessins préparatoires de l’œuvre.
La peinture illustre le chant XII de l’Odyssée d’Homère. Ulysse et son équipage reprennent la mer après plus d’un an passé chez la magicienne Circé. Celle-ci les a prévenus qu’ils rencontreront des sirènes au chant tellement envoûtant qu’ils finiront par quitter leur navire et se noyer. Les marins se bouchent alors les oreilles avec de la cire, tandis qu’Ulysse, pour écouter leur chant, se fait solidement attacher au mât. Le tableau s’éloigne un peu de cette description. Les sirènes sont des femmes-poissons plus proches du conte d’Andersen que des femmes-oiseaux du mythe grec. De plus, Ulysse n’est que faiblement attaché, comme s’il pouvait presque succomber à la tentation. La présence de la lyre rappelle qu’un autre héros, le prince des poètes, Orphée, a lui aussi affronté les sirènes en couvrant leur chant par sa musique divine.
Dans le même musée, retrouvez Ulysse, cette fois de retour à Ithaque dans une peinture de François Chifflart. Vous pouvez aussi retrouver en sculpture sa femme Pénélope par Antoine Bourdelle au Palais des Beaux-Arts de Lille.