Une métamorphose à Bailleul

Apollon et Daphné, Atelier de Pierre Reymond

Plaque de coffret, émail en plein sur cuivre , Limoges XVIe siècle. Inv : 992.11.70 Dimensions : largeur : environ 9 cm ; hauteur : 6 cm, Bailleul, Musée Benoît­ De­ Puydt

Reproduction

© Musée Benoît-De-Puydt

 

Faisant partie d’un ensemble de dix pièces, cette petite œuvre montre l’influence du mouvement de la Renaissance à Limoges.

Cette ville est alors très importante au Moyen Âge grâce à son abbaye de Saint-Martial, premier évêque de la ville et protecteur contre le Mal des Ardents ou feu de Saint Antoine. Il est vénéré par les habitants mais aussi par les pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle. Des artisans se spécialisent pour leur vendre des souvenirs religieux. Leur art se répand et à la fin du Moyen Âge, l’émail de Limoges est célèbre dans tout l’Occident chrétien. Les ateliers sont dirigés par des maîtres, comme Pierre Reymond, qui fondent de véritables dynasties. Le goût des nobles et des bourgeois s’oriente plus tard vers les sujets mythologiques. Les émailleurs s’inspirent alors de gravures et de monuments anciens pour créer leurs compositions en émail peint.

Le musée de Bailleul possède dix plaques de cette période, exposées ensemble. L’une d’elles décrit la fin de l’histoire de Daphné et Apollon.

Apollon, dieu des arts et de la lumière, se moque de Cupidon qui tend son petit arc. Celui-ci décide de se venger et avec son arme, envoie deux flèches. La première, en or, touche Apollon qui devient amoureux de la belle Daphné. Puis Cupidon tire la deuxième flèche en plomb sur la nymphe qui éprouve alors un profond dégoût face à l’amour. Le dieu, amoureux la poursuit sans relâche, aussi elle appelle son père le dieu fleuve Pénée pour qu’il vienne à son secours. Il transforme alors sa fille en un beau laurier. Apollon, attristé, décide de faire de l’arbre son emblème pour garder pour toujours sa bien-aimée à ses côtés.

Les métamorphoses tragiques ne manquent pas dans les Musées de la région comme un tableau de Pan et Syrinx à Hazebrouck ou le tympan de Pyrame et Thisbé à Cambrai.

Une chasse au sanglier au Musée de Douai

La chasse au sanglier de Calydon, Atelier d’Orazio Fontana

Urbino, vers 1540-1550, coupe en faïence stannifère, Inv : 1999.4.1.

Fontana Orazio La Chasse du sanglier de Calydon

© Douai, Musée de la Chartreuse – Photographe : Dominique Coulier

Vous pouvez observer sur cette belle pièce de majolique italienne appelée  « piatto », c’est à dire un plat, certains des plus grands héros de la mythologie grecque.

D’origine orientale, cette technique se diffuse en occident à partir du XVe siècle, principalement par l’intermédiaire des faïences à reflets métalliques fabriquées en Espagne mauresque, notamment à Malaga et à Valence, et importées massivement en Italie par des navires en provenance de Majorque. D’où le terme de « maiolica » ou majolique qu’on donne à cette abondante production, dont le procédé de fabrication consiste à recouvrir une pièce d’argile d’une glaçure opaque chargée, notamment, d’oxyde d’étain. Les ateliers de fabrication de majolique se multiplient en Italie, primitivement en Toscane, à Florence mais aussi en Emilie-Romagne, à Faenza, dont le terme faïence, qui désigne cette famille de céramique tire son nom.

Ce plat a été fabriqué plus d’un siècle après, dans un des plus talentueux ateliers d’Urbino, celui d’Orazio Fontana, à qui on attribue l’introduction du décor à « istoriato », c’est-à-dire du décor historié. Les riches aristocrates italiens, à qui ce type de vaisselle d’apparat est destiné, étaient particulièrement friands des thèmes mythologiques, auquel emprunte le sujet choisi ici.

Il s’agit de la chasse au sanglier qui eu lieu dans le royaume de Calydon. Un jour, son roi Oenée, honora tous les dieux sauf Artémis. La déesse, rancunière, envoie un sanglier sanguinaire ravager ses terres. Si le fléau choisi par la divinité parait bien minuscule sur ce plat, le poète Ovide le décrit plus grand qu’un taureau et détruisant tout sur son passage. Le roi est contraint par la férocité du monstre de faire appel à de nombreux héros grecs : Thésée, Jason, Castor et Pollux, et même son fils, Méléagre… Après plusieurs échecs, la troupe tue finalement la créature enragée grâce aux flèches de la guerrière Atalante représentée sur la gauche avec son arc. L’exploit est tel que le prince Méléagre finit par tomber amoureux de cette habile chasseresse.

Vous pouvez retrouver Atalante, toujours au Musée de la Chartreuse, dans une sculpture en bois du XVIeme siècle.